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Quand le "Je" devient le "nous"
Ce deuxième axe de recherche s'attache à explorer la relation qui unit les individus croyants en communautés à leurs lieux saints ou de cultes et s'articule avec l'autre axe “prier en soi”.
Ici, je voulais pouvoir observer comment les ensembles de croyants se réunissent, et comment ielles, interagissent au sein de ces espaces.
Pouvoir montrer, comment l’individu rejoint le groupe dans la sécurité du lieu sacré.
Que ce soit à l'occasion d'un pèlerinage, d'une fête, d'une pratique quotidienne ou d'une visite touristique. Des millions de personnes se rendent ainsi chaque année dans ces lieux.
J'ai souhaité passer du temps avec ces visiteurs et ces habitués . Tenter de ressentir, de voir et d'entendre ce qui peut rythmer les pratiques religieuses de ces croyants.
Venus parfois des quatre coins du monde , je voulais pouvoir observer ces individus parfois très différents sur le plan confessionnel, se réunir en communauté sans parfois que cela soit voulu; que cela soit conscient ou inconscient.
Certains vous diront qu'ils perçoivent une présence divine, ou une sensation d'apaisement, que la visite est quelque chose de l'ordre du devoir, mais aussi pour d'autres, le lieu de culte est un endroit de repos et de détente.
Les non-croyants viennent pour l'histoire et son attrait touristique, mais aussi peut-être, parce qu'ils reconnaissent ces lieux comme une part de leurs identités culturelles sans pouvoir ou vouloir, réellement le revendiquer.
Ces endroits sont les témoins de là où l'individualité des pratiques se noie dans le commun, catalysant ainsi une foule d'émotions différentes.
La foule est un.e individu.e à part entière, elle a son propre rythme, ses propres mouvements, sa propre voix. On prend alors conscience qu'un édifice, un lieu n'est rien sans ceux qui le sanctifient.
Dans les Évangiles Jésus rappelle inlassablement qu'il est "le Fils de L'Homme", faisant germer en moi l'impression qu'il reconnaît que le Divin ne peut exister sans son reflet dans les yeux humains, et que c’est finalement les individu.es qui reconnaisse leur dieu “ Je vous prendrai pour mon peuple et je serai votre dieu”
( Exode 6 6’8) , quel dieu n'a pas de peuple ?
Alors même que je voyais l'individu devenir communauté, je réalisais aussi qu'un groupe est toujours composé de personnes qui ont su, pour un temps, se réunir. Qu’ils communiquent ou non sans se connaître, qu’ils exercent ensemble un rite ou non, par leur simple présence dans le même espace, dans la même temporalité, ils forment ce commun.
Et qu’est- il de plus difficile que de faire communauté ?
“le besoin de communauté est à la mesure de son absence”
disait Jean-Pierre Schnitzler.
Même si le coran nous rappelle que "Les croyants ne sont que des frères."(Sourate 49, verset 10)